Il n’y a pas vraiment d’épave à Limeni puisque le bateau a entièrement disparu : le bois a été rongé par la mer ou les animaux, et ensuite éparpillé par les courants. Mais les amphores, la cargaison du bateau, ces amphores qui emplissaient les cales ont conservé leur disposition initiale si bien que le contenu, comme un hommage, expose la forme de son contenant disparu : un vaisseau fantôme, une forme absente. Quelques-unes sont brisées. Par endroit, le bateau invisible est soumis à de grandes cassures. On peut, sans être archéologue, imaginer comment un équipage est arrivé dans cette anse, il y a 2000 ans, pour se protéger d’une tempête ; on peut imaginer comment le navire a heurté les récifs qui gardent la baie, et comment il s’est déposé le long du tombant, doucement, irrémédiablement. Est-ce du corail, ou bien un dépôt sédimentaire, toujours est-il qu’une intense activité de la nature a soudé les amphores entre elles pendant des années avec suffisamment de force pour qu’elles tiennent ensemble une fois l’armature du bateau désagrégée.
Ils ne sont pas nombreux dans le monde les endroits où il est possible, pour un nageur ordinaire, sans bouteille, d’atteindre en apnée une épave de cette envergure, et pouvoir caresser à mains nues les amphores vieilles de milliers d’années.
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