ORALIEU

Ce blog est encore en construction. Il évoluera, se complètera et s'améliorera encore longtemps.
Oralieu est un ensemble de performances, liées à des lieux, inventées par Alexis Fichet. Il y a 5 performances, liées à 5 lieux dans le Monde : Conakry (Guinée Conakry), Planguenoual (France), Magenta (Nouvelle Calédonie), Fulong (Taïwan) et Limeni (Grèce). Ces noms sont des mots clés qui permettent de voir tous les posts relatifs à une performance précise.
D'autres mots clés ouvrent sur des notions transversales.
L'ensemble de ce blog n'est que le versant désarticulé des performances. C'est dans les performances que l'ensemble prend corps et que le savoir devient poétique.
Mais il y a aussi un certain plaisir à la désarticulation...

Immersion



Si je me demande ce qui, depuis toujours, fait mon intérêt pour les êtres vivants qui m'entourent, c'est toujours un double mouvement qui m'apparaît : d'un côté attrait et attirance et dans le même mouvement éloignement, voire fuite. Je me vis comme séparé de tout cela qui m'entoure, et pourtant j'aime m'y sentir plongé, j'aime penser que je fais partie d'un ensemble. J'aimerais m'approcher de tel animal, et pourtant lui me fuit, m'échappe, se dérobe à ma vue. 

La théorie de l'attachement de Latour serait la version théorique de ce lien qui s'échappe, et qu'on tente sans cesse de reconstruire. Je ne suis pas philosophe, je l'interprète librement, mais c'est presque une mystique, de l'ordre d'un lien secret et impossible à nommer. Nous sommes tissés de liens avec ce Monde, de liens plus ou moins directs, plus ou moins profonds. La théorie de l'évolution ne dit pas autre chose : il y a une origine à la vie sur Terre, dont nous sommes tous issus. On retrouve parfois chez un être vivant les restes d'un gène qui ne lui sert plus mais qui lui donne une parenté avec un autre être, éloigné. Ces gènes sont nommés gènes vestigiaux. 

Certains  de ces vestiges me relient au Monde. 

Mais cette connaissance théorique ne prive pas d'une sensation d'éloignement.

Entre la vie et moi, une vitre mince. J’ai beau voir et comprendre la vie très clairement, je ne peux la toucher.
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité, 80 (trad. Françoise Laye, Christian Bourgois, 1999, p. 110)


Etrangement, dans ce Monde étranger qu'est la mer, cette sensation s'efface. En apnée on a, intimement, physiquement, la sensation de faire partie d'un tout. On se retrouve, doublement, immergé. 

Moi, les animaux, les algues, nous sommes plongés dans le même Monde. La mer est une bulle, un espace commun, un tout partagé. L'apesanteur qui y règne, le fait que mon corps puisse se retourner dans tous les sens, tout cela participe d'une manière d'être au Monde bien particulière.  

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