ORALIEU

Ce blog est encore en construction. Il évoluera, se complètera et s'améliorera encore longtemps.
Oralieu est un ensemble de performances, liées à des lieux, inventées par Alexis Fichet. Il y a 5 performances, liées à 5 lieux dans le Monde : Conakry (Guinée Conakry), Planguenoual (France), Magenta (Nouvelle Calédonie), Fulong (Taïwan) et Limeni (Grèce). Ces noms sont des mots clés qui permettent de voir tous les posts relatifs à une performance précise.
D'autres mots clés ouvrent sur des notions transversales.
L'ensemble de ce blog n'est que le versant désarticulé des performances. C'est dans les performances que l'ensemble prend corps et que le savoir devient poétique.
Mais il y a aussi un certain plaisir à la désarticulation...

Silence

Cousteau est l'un des premiers à pouvoir passer du temps sous l'eau, en autonomie, et le film qu'il réalise avec Louis Malle, et qui obtiendra la palme d'or en 1957 à Cannes, s'intitule Le Monde du silence

En 1998, Elisabeth de Fontenay fait paraître un ouvrage conséquent et important qui a pour titre Le Silence des bêtes. Elle pousse le raisonnement au bout : 

"Naîtrait alors le sentiment qu'en tant qu'hommes nous avons commis une faute immémoriale qui aurait été recouverte par le pêché originel et qui aurait interdit de parole, littéralement interloqué les animaux. C'est peut-être de notre fait d'Occidentaux juifs-grecs-chrétiens, obsédés de logos et de verbum, s'il n'y a pas assez de mots pour tous les vivants."

Plus loin elle cite Engels, "anglais malgré tout, [qui] disait que les chiens et les chevaux ont si bien appris à comprendre les êtres humains que "quiconque a souvent eu affaire à ces animaux aura de la peine à échapper à la conviction qu'il y a quantité de cas où ils sentent maintenant que leur incapacité à parler est un défaut, bien qu'il n'y ai malheureusement plus rien à faire.""

Face au diodon de Fulong, celui bien vivant que je croisai sous l'eau, et qui ressemblait à un gros visage en train de nager, je me sentais regardé, et j'ai eu très fort cette sensation de silence, que je ne ressens pas d'habitude en mer. Maintenant je repense à cette citation de Darwin : 

"Si l’homme avait respiré dans l’eau à l’aide de branchies extérieures au lieu d’inspirer l’air par la bouche et par les narines, ses traits n’auraient pas plus exprimé ses sentiments que ne le font ses mains ou ses membres." 


L’homme ne respire pas l’eau de mer

(il sourit)

ne filtre pas l’eau de mer par sa tête

(il hausse les sourcils)

ne sent pas passer par sa tête les animaux-plancton

(il pleure à chaudes larmes)

ni les plantes-plancton

(rictus)

ne peut appréhender de l’eau de mer la richesse

(effarement)

ni la profondeur de sa matière

(apaisement visible)

ni le reste : le sel, l’iode, le vent. Il reste étranger à la mer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire